- FORD (FONDATION)
- FORD (FONDATION)FORD FONDATICréée en 1936 par la famille Ford, la fondation Ford finance jusqu’en 1950 «principalement des institutions locales d’enseignement ou de charité qui présentaient un intérêt spécial pour la famille fondatrice» (rapport annuel de 1960). Elle acquiert, en 1950-1951, une dimension géante avec les legs d’Henry Ford II et d’Edsel Ford, représentant quelque 3 milliards de dollars d’actions Ford, soit plus de cinq fois le capital de la fondation Rockefeller. Le président désigné, Paul G. Hoffman, qui après la guerre avait permis au Japon de rétablir sa puissance et avait dirigé l’aide Marshall, marque d’emblée la dimension internationale qu’entend prendre la fondation. Il recrute un important personnel et, dès 1951, ouvre un bureau permanent en Inde, pays qui représente un enjeu essentiel pour la stratégie américaine depuis la défaite du Guomindang en 1949; la fondation pénètre ensuite au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine.Sur le front intérieur, la fondation a créé des fonds administrativement autonomes: en 1951, le Fund for the Advancement of Education et le Fund for Adult Education; en 1952, Resources for the Future; en 1954, le Center for Advanced Study in the Behavioral Sciences à Palo Alto (Californie); en 1955, le National Merit Scholarship Co.Le réformisme (limité) de la fondation a pu être considéré par les responsables politiques américains comme un utile contrepoids au congrès trop timoré et trop marqué par l’anticommunisme primaire qu’avait fabriqué l’administration Truman en 1947-1948. Ainsi le sénateur Joseph McCarthy parvient-il à créer une commission parlementaire d’enquête pour étudier «la subversion et la pénétration communistes au sein des fondations philanthropiques». Des boycotts sont organisés par l’extrême droite rurale contre les automobiles Ford. Henry Ford force alors Hoffman à démissionner et choisit Rowan Gaither pour le remplacer en février 1953; le même mois est établi, en vertu de décisions antérieures, le Fund for the Republic, destiné à étudier les problèmes des libertés publiques aux États-Unis. En 1955, la fondation décide une opération de prestige destinée à se ménager l’opinion conservatrice américaine; elle distribue 550 millions de dollars (soit l’équivalent du capital de la fondation Rockefeller) à 600 collèges et universités, à 3 500 hôpitaux, à 45 écoles privées de médecine. Pendant dix années, la fondation, à l’exemple des fondations Rockefeller et Carnegie, et pour les mêmes raisons, met l’accent sur l’enseignement universitaire, sur les activités culturelles et scientifiques, tout en développant ses activités internationales (développement communautaire en Inde, puis, avec la fondation Rockefeller, «Révolution Verte») et en continuant à financer, mais plus discrètement, des activités en relation avec les problèmes urbains et raciaux. Une telle politique reçoit une nouvelle impulsion avec, en 1966, la nomination à la présidence de la fondation du conseiller de la Maison-Blanche pour les problèmes de sécurité nationale, McGeorge Bundy. Waldemar Nielsen, dans son ouvrage Les Grandes Fondations (The Big Foundations , 1972), estimait que si la fondation Ford a fait figure de fondation «activiste», c’était par comparaison avec le conservatisme général de ses consœurs.Par ses ressources et son budget, la fondation Ford précède de loin les fondations Rockefeller, Carnegie et Getty. Elle est néanmoins devancée par une rivale japonaise, la fondation Sasakawa.
Encyclopédie Universelle. 2012.
